Contexte
L’expansion de l’antibiorésistance constitue un problème prioritaire de santé publique au niveau national et international. L’European Center for Disease Prevention and Control (ECDC) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont inclus la résistance bactérienne dans leurs priorités.
Au niveau national, un ensemble de mesures préventives destinées à éviter la progression de l’antibiorésistance ont été proposées dans le cadre du plan national pour la maîtrise de l’antibiorésistance mis en œuvre par la mission antibiorésistance de la DGS en concertation avec l’ensemble des acteurs du système de santé humaine. Il s’agit notamment de promouvoir la juste utilisation des antibiotiques (réf. Plan national d’alerte sur les antibiotiques 2011-2016 – Ministère chargé de la santé). Cela correspond à la sous action n°1 de l’action n°10 de la feuille de route de maîtrise de l’antibiorésistance : « Avoir un cahier des charges technique sur les modalités pratiques des antibiogrammes ciblés » (réf. Plan antibiorésistance – Ministère chargé de la santé).
L’un des enjeux est notamment de réduire la fréquence des antibiothérapies inappropriées, en fournissant les outils adaptés pour améliorer la pertinence de la prescription par l’ensemble des professionnels concernés. Dans un contexte d’une consommation d’antibiotiques toujours trop importante en France (rapport santé publique France 2020) et d’émergence de souches bactériennes résistantes, l’ANSM a élaboré en lien avec la DGS, une liste d’antibiotiques dits « critiques » (rapport ANSM 2015).
La mise en œuvre et la généralisation des antibiogrammes ciblés prévues par la mission antibiorésistance permettent de proposer un rendu partiel ou encore ciblé du résultat de l’antibiogramme : en ne faisant figurer prioritairement que les antibiotiques de 1re intention (lorsque le contexte clinique et le profil de résistance de la souche le permettent). Le résultat oriente la prescription vers l’utilisation des antibiotiques les mieux adaptés à l’infection à traiter selon les recommandations en vigueur, tout en limitant le plus souvent possible l’utilisation des antibiotiques dits « critiques ».
L’infection urinaire est la deuxième infection communautaire la plus fréquente après les infections des voies respiratoires. C’est la première cause d’infection liée aux soins en milieu hospitalier. Les entérobactéries sont les principales pourvoyeuses d’infections urinaires. E. coli est de loin la première bactérie responsable d’infection urinaire. Elle est retrouvée dans 70-95 % des cas d’infections communautaires et 30-50 % des cas d’infections nosocomiales. Les autres entérobactéries représentent 10-25 % des infections urinaires, particulièrement Proteus spp. et Klebsiella spp. Staphylococcus saprophyticus est presque exclusivement responsable de cystites, où il représente 1 à 7 % des cas en France selon les études, principalement chez les femmes jeunes.
Vers une labellisation des antibiogrammes ciblés
La HAS souhaite labelliser l’arbre décisionnel, élaboré par la SFM, le GPIP et la SPILF, qui est utilisé dans le rendu des antibiogrammes ciblés pour les examens cytobactériologiques des urines (ECBU).
Cet arbre décisionnel devra être révisé en fonction de l’évolution épidémiologique de la résistance des entérobactéries vis-à-vis des antibiotiques testés et rendus ainsi que des recommandations des sociétés savantes concernant les infections urinaires. Ce processus de labellisation a vocation à être pérenne.
La labellisation par la HAS de l’arbre décisionnel des sociétés savantes pour le rendu des antibiogrammes ciblés permettra de promouvoir la généralisation des antibiogrammes ciblés sur le territoire national en le diffusant aux éditeurs de logiciels et aux biologistes.
Quelle rôle pour les biologistes ?
Le biologiste est un acteur clé dans le bon usage des antibiotiques en :
‒ sensibilisant les prescripteurs au bon usage des antibiotiques, en particulier au risque que présente la prescription de certains antibiotiques en termes de résistances bactériennes avec comme corollaire la réduction de la consommation d’antibiotiques critiques ;
‒ favorisant la prescription des antibiotiques les plus adaptés, à spectre étroit ou à faible risque de sélection de résistances ;
‒ favorisant les prescriptions conformément aux recommandations